Le pardon se définit par le fait de ne pas tenir rigueur d’une faute ou d’une offense. En d’autres termes, Pardonner c’est accorder à quelqu’un la grâce pour son acte. Demander pardon, c’est faire un pas en arrière par rapport à son égo et accorder plus d’attention à une relation qu’à soi ». Ce qui n’est pas sans difficulté : « Avouer que l’autre est plus important que soi-même nous met une position parfois difficile à accepter.
Pourquoi devons-nous pardonner ?
Certains actes paraissent impardonnables, surtout ceux qui nous ont profondément blessés ou ont touché ceux que nous aimons. Pourtant sans nier le mal qui a été fait, il est vital de se reconstruire… et la démarche du pardon est une clé de cette guérison intérieure. Un long chemin toutefois à parcourir.
Nous devons pardonner et demander pardon pour éviter d’être bloqué dans le passé, pour pouvoir passer à autre chose, tourner la page et pour se sentir plus léger.
Pardonner ce n’est pas effacer le passé
On est tous tenter de dire : on oublie, on efface, et on recommence !
Ne serait-il pas mieux de tout oublier et de repartir à zéro ?
Ce serait facile pour tout le monde, aussi bien pour celui qui a blessé comme pour le blessé, n’est-ce pas ! Il n’y aurait plus de culpabilité et moins de souffrance.
Malheureusement, il est illusoire de croire qu’effacer le passé est une bonne solution (d’autant plus que c’est impossible). En effet, si l’on agit comme si de rien ne s’était passé, on nie la réalité et on occulte le problème. Comment alors soigner une blessure qui n’a pas existé ? Un cœur souffre doublement si on ne reconnaît pas vraiment qu’il a été blessé. Et si on laisse souffrir un cœur, on laisse la porte ouverte à plusieurs autres souffrances : rancœur, amertume refoulée, silence subtil, mais accusateur… Cette attitude est parfois inconsciente et peut vous handicaper pour longtemps dans une relation. La demande de pardon doit être accompagnée, d’humilité, de remords et de patience. La personne qui demande pardon doit laisser le temps à la personne blessée de se reconstruire et surmonter sa blessure.
Demander pardon : difficile de reconnaître ses fautes
Pour demander pardon, il faut tout d’abord reconnaître ses fautes. C’est parfois un processus long et difficile. Très souvent, nous préférons avoir raison et rejeter l’origine de la faute sur la personne qu’on a blessé : « C’est à cause de lui que j’ai commis cette erreur ». On réagit parfois comme les enfants en disant ou en sous-entendant que: « C’est lui qui a commencé » !
Demander pardon, c’est prendre le dessus sur son ego et donner à l’autre plus d’importance qu’à soi. Du coup de la relation que l’on a avec la personne, dépend souvent la difficulté du pardon. On a plus facilement tendance à demander pardon à une personne qu’on aime et qu’on ne veut pas perdre. Dans un cas de figure, si l’on a peu d’intérêt dans la relation avec la personne l’égo reprendra vite le dessus.
La religion peut être un important vecteur favorisant le pardon et la demande de pardon : Dieu nous le demande et Dieu lui-même nous pardonne, alors qui sommes-nous pour ne pas le faire ? Le non pardon nous éloigne de Dieu
Comment demander pardon ?
Lorsque vous savez que vous voulez vous faire pardonner, vous n’avez pas simplement à dire quelque chose. C’est aussi une façon de montrer que vous acceptez vos erreurs et que vous en tirez des leçons. Pour demander pardon à quelqu’un, vous devez passer du temps à réfléchir à votre comportement et à la façon dont il affecte la personne à qui vous avez fait du tort.
Ce n’est pas une bonne idée de s’excuser par mail, au téléphone, par sms ?
Il est fortement conseillé de présenter ses excuses en personne :
Pour cela, il faut trouver le bon moment. Le meilleur moment pour demander pardon, dans la culture africaine, est au lever du jour c’est-à-dire, très tôt le matin.C’est vrai que l’on prend un risque de se voir refuser sa demande mais c’est un risque à prendre quand on tient à une personne. Dans cette stratégie, une grande partie de la communication est non verbale, votre remord se lira dans vos yeux, votre posture et votre émotion, voire vos larmes. Tout ce qui pourra exprimer votre sincérité visuelle sera le bienvenu.
Ce qu’il faut, c’est arrêter de toujours vouloir avoir raison. On ne s’excuse pas pour faire le procès de l’autre. Alors dès le début, on admet sa responsabilité et surtout on n’emploie pas le terme « mais ». On reste simple, brève et claire.
On ne cherche surtout pas à se justifier, mais à instaurer un dialogue sain. On exprime ses regrets et on promet d’adopter un comportement différent à l’avenir.
Ceci dit, lorsque le conflit est plus profond et s’étend sur une longue période, ou que la personne blessée n’est pas sur place, une lettre peut être nécessaire voire recommandée. Cela laisse tout d’abord une trace de la démarche et donne le temps à la personne qui la reçoit de réfléchir au contenu de la lettre et d’en analyser la teneur. N’oubliez pas que votre lettre doit traduire votre ressenti et apaiser la personne qui la reçoit.
Pour finir, retenez que : « Demander pardon, reconnaître ses torts, ce n’est pas facile mais c’est une position adulte, de grande maturité, qui apporte la paix intime« . A ne pas oublier !
Que peut-on faire si l’on ne pardonne pas ?
On peut se venger !
La vengeance est quelque chose de très naturel car elle vient d’une sorte d’instinct de justice : «Tu m’as fait mal ; je vais te faire mal de la même façon». Le danger de la vengeance, c’est la spirale de violence qu’elle engendre. On se demande pourquoi certains peuples se battent depuis parfois des siècles. La réalité est qu’un peuple a un jour attaqué un autre et l’a humilié. Il existe alors ce qu’on appelle une mémoire collective. On se raconte de génération en génération les outrages faits par les « ennemis » et l’on entretient la haine.
La vengeance se rumine parfois longtemps, car on attend le moment propice pour le faire. Cette longue attente peut être parfois douloureuse et faire naître de l’aigreur et de la jalousie. Se venger ne devient pas alors la meilleure solution car elle fait plus de mal à celui qui la cultive qu’à celui qui la mérite. Ceci dit, éprouve-t-on vraiment le soulagement escompté lorsque l’on s’est vengé ? La réponse n’est pas évidente, à croire qu’il serait plus indiqué de s’en remettre à la justice des hommes où à celle de Dieu pour les croyants que de se faire justice soi-même.
On peut garder rancune !
Il y a des personnes qui disent : « je ne me vengerai pas, mais je n’oublierai jamais ! ». Elles développent en elles une sorte de ressentiment. Ressentir, c’est sentir deux fois. Elles se rappellent l’offense et la ressassent sans cesse, entretenant en elle une agressivité qui s’exprime dans leurs comportements quotidiens. Certains peuvent entretenir une rancune pendant plusieurs années.
Sous couvert d’être plus acceptable que la vengeance ouverte, cette attitude n’est en fait qu’un autre type de vengeance : une vengeance passive, dont on parle peu. Souvent en effet, quand nous parlons de vengeance, nous pensons à quelque chose d’actif : faire mal à l’autre. Mais arrêter de faire en sorte que les autres soient heureux, arrêter de créer de la vie, c’est une manière de se venger des autres.
Si nous ne pardonnons pas et si nous restons dans le ressentiment, nous allons vivre un stress continuel. Cela peut être à l’origine d’hypertension, d’arthrite et même de certains cancers. Dans une clinique de cancérologie aux Etats-Unis, les médecins se sont aperçus que les traitements de chimiothérapie ne marchaient pas, parce que les malades concernés avaient de la rancœur.
On peut masquer la douleur et vivre avec !
Vous sentez-vous déprimé(e) ? Savez-vous que beaucoup de dépressions viennent en réalité de ce que notre blessure a été enfouie ; nous croyons être passés par-dessus. Mais nous avons un mal de vivre dont nous ne connaissons pas la cause. Nous ne savons plus vivre le présent et nous n’avons plus de projets d’avenir. En réalité, ce qui ne va pas, c’est que notre blessure n’a pas été guérie : inconsciemment, notre perception du monde passe toujours par cette blessure.
Les professionnels qui travaillent sur le pardon se sont aperçus que les personnes blessées qui n’ont pu pardonner sont parfois des personnes « fragmentées ». Qu’est-ce que ça signifie ?
Lorsque quelqu’un agresse de façon violente une autre personne, cette dernière a très peur (comme dans un viol par exemple). À ce moment-là, il peut se produire un phénomène très curieux qu’on appelle l’identification à l’agresseur. Par ce qui semble être une tentative de survie, lorsqu’une personne a été blessée profondément, elle peut en arriver à s’identifier à l’agresseur. C’est comme s’il « entrait » en elle en quelque sorte. La personne se sent contaminée par l’agresseur, se perçoit comme lui (sale, violent, nul…). Elle devient double, victime et bourreau et continue de s’agresser intérieurement.
Lorsqu’elle est fatiguée de s’agresser, elle peut devenir à son tour agresseur d’autres. On a remarqué que les personnes qui violent ou battent des jeunes ont souvent été abusées, elles aussi, dans leur enfance, et elles vont faire sur d’autres ce qu’on leur a fait.
Toutes ces choses (violence, ressentiment, dépression…) arrivent lorsque nous ne faisons pas face à notre blessure et que nous ne la traitons pas par le pardon. Ce sont des impasses, pas des passages obligés ! Le travail que nous avons à faire est d’aller chercher l’agression enfouie en nous, de la guérir et de la transformer. C’est la condition pour vivre et sortir de la maladie et de la mort qui est en train de faire des ravages dans notre vie.
DEMARCHE A SUIVRE
Parfois, les erreurs peuvent commencer par de bons sentiments, exposer vos arguments et essayer de faire comprendre votre attitude sans justification, afin que la personne blessée se mettre à votre place, au moins pour comprendre votre comportement. Cela peut l’aider à voir plus clairement et à voir que vous ne le faites pas avec l’intention de le nuire.
- Mettez de côté votre orgueil
- Présentez-lui calmement et sincèrement vos excuses
- Il faut réussir à convaincre la personne que vous regrettez vos actions.
- Promettez-lui de ne plus recommencer
- Laissez-lui le temps seul pour respirer et faire le point : N’utilisez pas la force, donnez-lui suffisamment de temps. Cela dépend de la gravité de vos actions.
- Essayez de vous faire pardonner avec de petites attentions : message, cadeaux, fleurs, etc …
- Faites-en sorte que la personne blessée reprenne confiance en vous ou en elle
- C’est à vous de prouver à la personne qu’elle peut encore vous faire confiance, soyez franc et transparent.
- Ne forcez pas les choses et soyez patient(e)
- Donner le temps à la personne d’accepter votre pardon. Vous ne devez pas la brusquer, elle reviendra vers vous lorsqu’elle sera prête et surtout si elle le désir. Ce sera à elle d’en décider et pas à vous.
Exemple de lettre pour demander pardon
Je te demande pardon pour le mal que je t’ai fait. Je n’ai jamais voulu te faire souffrir. Même si à tes yeux je n’ai aucune excuse à cet instant, je te promets que je ne voulais pas te faire souffrir. J’ai été maladroit (e), stupide, égoïste et j’ai peur d’avoir tout gâché. Alors j’espère que tu accepteras mes excuses et que tu me donneras l’occasion de te les présenter de vive voix. Encore une fois, pardonne-moi, et sache que je t’aime, vraiment…/ sache que je tiens beaucoup à notre amitié, notre relation etc..
Du fond de mon cœur, j’aimerais remonter le temps pour effacer tout ce que j’ai pu dire ou faire qui t’a blessé(e). Mais hélas ! Alors, je te demande pardon. J’espère que tu trouveras la force en toi pour me pardonner. Mais je t’en prie, crois-moi, je regrette vraiment ce que j’ai fait et j’aimerais que tu me permettes de m’excuser de vive voix en face de toi. Tu peux me faire signe quand tu auras un moment stp. Je regrette sincèrement et j’attends ton appel ou ton message…