Depuis que mon père nous a abandonnés, ma mère n’a plus souhaité avoir de relations amoureuses. Dépit, résignation ou choix ? Nous ne l’avons jamais su. Toujours est –il que depuis cette séparation forcée, elle est devenue une femme solitaire, renfermée et amère. Toute sa vie s’est finalement résumée à travailler pour nous « trouver à manger » ma sœur et moi avec « l’espoir de trouver un homme bon, capable d’assurer notre avenir », selon ses dires. J’avais 5 ans et ma petite sœur Adelaïde 2 ans, quand papa est parti. Je n’ai jamais vraiment su ce qui s’est passé entre eux car ma mère n’a jamais voulu nous en parler, mais je me souviens vaguement de leurs disputes incessantes, des violences verbales de mon père et des plaintes étouffées de ma mère. Il a dû y avoir un déclic car un jour, Papa est parti et n’est plus revenu. Au début il venait quelques fois à la maison, puis, plus rien. Depuis, ma mère s’est entièrement consacrée à la vente ambulante de ses légumes en assurant autant qu’elle pouvait les besoins élémentaires.
Pour maman, nous devions travailler dur, sans oublier que l’honneur véritable d’une femme est d’être mariée. Elle nous le répétait sans cesse en s’appuyant sur son expérience. Elle racontait ainsi ses déboires en tant que mère célibataire, les humiliations qu’elle avait subies de ses proches depuis que son mari l’avait abandonné et insistait beaucoup sur les difficultés financières auxquelles elle devait faire face tous les jours.
La suite de cet article à lire à la page 48 du DAGAN Magazine N°18