Quelle jeune fille n’a pas rêvé d’être dotée? Quel parent n’est pas fier que sa fille trouve un fiancé? Oui, pour cette cérémonie qu’est la dot, c’est la joie du symbolisme, mais aussi l’occasion de se retrouver en famille pour des festivités hors normes. Cette tradition africaine traverse les siècles car au Togo, au Benin, au Ghana, et partout en Afrique noire, la Dot est encore souvent incontournable. Malgré qu’elle soit très codifiée par nos Etats, nous osons en parler avec Madame Edwige Ayayi-Atayi qui répond à nos questions
Qu’est-ce que la Dot? Et depuis quand date cette tradition ?
La Dot est une vieille tradition qui existe dans toutes les cultures aussi bien occidentales qu’africaines. Au Togo, la dot demeure encore une condition sine qua non pour l’acceptation des mariages aussi bien traditionnels que modernes. La pratique de la dot existe depuis la nuit des temps sous diverses formes codifiées et respectées mais avec quelques nuances.
Quelle est la procédure de la remise de la Dot?
La remise de la dot obéit à une procédure traditionnelle qui se présente comme suit chez la grande majorité des ethnies ou autres catégories de la population du Togo. On peut distinguer grosso modo trois principales étapes :
- Première étape : Contact avec les parents (frapper à la porte); autorisation d’être l’ami de la jeune fille.
- Deuxième étape : La demande de la main de la jeune fille ou fiançailles (agbanvi chez les Ewés)
- Troisième étape : Le mariage proprement dit (agbanga chez les Ewés).
Par la cérémonie de la dot, la jeune fille et le jeune homme sont considérés comme mariés.
Quelle est la signification de la Dot ou sa raison d’être en général?
Pour le non initié, la dot est un procédé de négociation complexe et formelle entre deux familles. La dot est une compensation matrimoniale. Elle intervient comme une compensation face au déséquilibre crée dans le groupe familial qui se voit amputé d’un de ses membres. La dot est un geste de gratitude et de reconnaissance de la part de la famille du marié envers la famille de la mariée pour avoir élevé cette dernière.
Quelle est la consistance de la Dot?
Chaque groupe ethnique au Togo a ses règles pour la constitution de la dot. Au sud Togo regroupant les Ewé-Mina-Guin et apparentés, la tradition est bien établie. Au Nord du Togo spécialement en pays Kotokoli ou Tem, la Dot (medere) est une preuve concrète et matérielle du désir d’alliance. La validité du mariage n’est reconnue que si la dot est versée. La dot consiste en présents et dons ci-après dont la répartition entre membres de la famille est bien établie. Il faut mentionner entre autres :
- Première étape : deux boissons alcoolisées au choix.
- Deuxième étape : la bague, les boissons, l’enveloppe pour les parents et la famille.
- Troisième étape : un Pavi ( bassine haute en émail, avec un couvercle, décorée de fleurs de couleur presque toujours jaune) contenant des boissons alcoolisées (plus ou moins 10), une bouteille d’eau, la limonade, la bière; la valise qui contient des pagnes ( 6 à 10 de six yards) avec foulards assortis dont les plus usités sont plus bas, un sac, la bible ou le coran, le chapelet, les ustensiles de cuisine ( casseroles, poêle, etc.); une enveloppe pour la future mariée, les parents, la famille et les tantes.
Ces pagnes ont le plus souvent figuré dans la liste des pagnes offerts en raison de ce qu’ils représentent; ils ne se démodent pas malgré leur ancienneté et sont toujours recherchés. Certes les couleurs peuvent être différentes mais les dessins sont immuables.
Que diriez-vous en Conclusion ?
La dot depuis toujours est censée sceller l’union entre deux familles. Mais avec le temps, cette pratique a été encadrée. Chez nous, selon le code des personnes et de la famille elle doit rester symbolique et ne pas excéder la somme de dix mille (10.000) francs versée à la famille de la fiancée.
Aussi au Togo comme au Benin pour préserver la pratique traditionnelle, on a cherché à concilier le droit moderne et le droit coutumier et lors du mariage civil, il est demandé une lettre signée par les parents de la jeune fille confirmant la réception de la dot sans laquelle le mariage ne peut être célébré. Au Burkina –Faso, la pratique est interdite par la loi sous peine de sanctions civiles et pénales.
En Côte-d’Ivoire, cette pratique qui a été longtemps interdite vient d’être rétablie par une nouvelle loi de 2019. De toutes les façons, la Dot est une histoire de culture, un moment de communion, de joie et de célébration, mais aussi un instant où la culture et la tradition sont à l’honneur. Tout ceci nous édifie sur la richesse culturelle qu’offre notre continent.