Adangbé est un petit village urbanisé situé, dans la préfecture de Zio, à environ 12km de Lomé. Les originaires de ce village se distinguent par un style particulier : trois petites cicatrices dessinées sur le bras gauche. Le sobriquet ne passe pas inaperçu. « Dédé, coco, mamblé », prononce qui le veut, dès qu’on voit les filles originaires de ce village. Allusion faites aux prénoms des trois premières filles de la famille.
C’est une identité établie aux prix d’ultimes sacrifices : les cicatrices se dessinent à l’issue des plaies faites à base d’une lame ou d’un couteau tranchant trempé dans une poudre noire « eti » censée guérir la plaie. Et ce n’est que l’ultime étape d’un long processus cérémonial. Le seul accoutrement pendant cette période sacrée se résume à un bout de pagne censé cacher la partie intime féminine retenue par des perles nouées autour de la taille.
La cérémonie se déroule chaque année à la mi-octobre. Déjà à la mi-septembre peu après la fête traditionnelle de la localité, les parents font recenser leurs filles pour les formalités. La cérémonie est obligatoire pour toutes les filles du village. La légende raconte que toute fille qui ne se soumet pas à cette exigence traditionnelle pourrait perdre la raison.
Pendant la période des Adjifo, les filles en âge de s’initier à la cérémonie prennent congés de leurs familles respectives et sont logées, pendant quelques jours, dans un couvent entre filles « adjifo » sous la tutelle de prêtres traditionnels qui leur dispensent des enseignements « traditionnels ». Dans leurs beaux jours, les filles « adjifo » drapés de beaux pages retenus à la hanche par des colliers de valeur, sillonnent les rues munis d’accessoires traditionnels pour esquisser des pas de danse à qui le désire, moyennant des sous. Ce passage suscite engouement et attire toujours un attroupement fou.
Les filles « adjifo » sont identifiables à trois cicatrices et des pas de danse mais la cérémonie fait passer une somme de messages. Pour le peuple d’Adangbé, « la femme est l’être parfait pour transmettre des valeurs sures à nos futures générations c’est pourquoi nous leur enseignons dès le bas âge à travers cette cérémonie les vertus clés de notre coutume notamment le courage, la fidélité et l’intégrité » nous explique un traditionnaliste et formateur des « adjifo ».
Il explique également que « le nombre de trois c’est l’absolu, le complet, l’idéal. En faisant ces trois petites plaies, nous éprouvons le courage de ces jeunes filles. Les interdits pendant la cérémonie teste leur intégrité et leur accoutrement met à l’épreuve leur capacité à résister aux tentations, à rester fidèles malgré tout ».
Les Adangbe sont également présents à Aného, Atapkamé et certains villages du Ghana voisin. Les rites « adjifo » diffèrent d’une communauté Adangbé à une autre.