Ingéniosité, audace, persévérance, simplicité, et courage sont les mots qui la décrivent le mieux. AKATAGADEKU Ewoé Gladys, directrice des établissements « Maman Soja du Togo » a su se frayer un chemin et imposer sa marque qui est reconnue et appréciée au Togo et au-delà de nos frontières. Elle garde jalousement mais pas égoïstement son secret : celui de la transformation du soja en un soja comestible. Pour cette brave dame au grand coeur, la route de la vie n’est pas sans épines et sans difficultés, mais, pour elle, il faut être humble et maligne à la fois pour la conquérir.
C’est bien ces valeurs que nous fait découvrir, à travers cette interview exclusive accordée à Dagan Magazine, Dagan Gladys, dont l’enfance ne prédestinait pas à un tel parcours.
Qui est Maman soja ? Présentez-vous à nos lecteurs et lectrices. De quand date ce pseudonyme ?
Je me nomme AKATAGA Ewoé Gladys épouse DEKU. Je suis la directrice fondatrice des établissements MAMAN SOJA DU TOGO. J’ai trois enfants. C’est mon mari qui m’a donné le petit nom de « Maman Soja ». Vous savez, à l’époque, lorsque je commençais les étapes de transformation du soja, je n’arrivais pas à m’arrêter car c’est un travail très délicat. Quand mon mari rentrait du service et que nous devions passer à table, je refusais de les rejoindre tant que je n’avais pas fini. Il m’a dit un jour en rigolant : « toi ! Tu es la mère de soja ! » D’où le surnom « Maman Soja ». C’est ainsi qu’à la maison, ils ont tous commencé à m’appeler Maman Soja.
Où êtes-vous née ? Où avez-vous passé votre enfance ? Quel genre d’enfant étiez-vous ? Avez-vous des frères et soeurs ? Racontez-nous quelques souvenirs d’enfance.
Je suis née à Kpélé Bémé en 1968, c’est l’année que mentionne mon extrait de naissance, mais en réalité j’ai 60 ans. J’ai passé mon enfance à Patatoukou et Kpélé-Bémé avec mon père et mes marâtres. J’ai quatre frères et une soeur. Je suis la quatrième enfant de ma mère et l’aînée de mon père. Ma mère a fait deux enfants avec mon père, ma soeur et moi. A l’âge de 4 ans, mon père m’a enlevée à ma mère pour m’emmener à Patatoukou. J’ai grandi loin de l’affection maternelle jusqu’à l’âge de 16 ans. Mon père me choyait beaucoup à cette époque quand nous n’étions que tous les deux. Par la suite, j’ai eu deux marâtres qui me jalousaient tout simplement parce que mon père prenait soin de moi. Elles m’ont beaucoup maltraitée. J’ai un souvenir d’enfance que je n’oublierai jamais.
Durant toute mon enfance, je préparais la boisson locale Tchoukoutchou. Je voulais aller à l’école mais ma marâtre et mon père s’y opposaient. Parfois je me pressais de finir cette tâche pour pouvoir aller à l’école mais ma marâtre me menaçait en disant qu’elle ne me donnerait pas à manger si elle apprenait que j’avais mis pied à l’école. Pourtant, ses enfants, eux, y allaient. Un jour, je lui ai désobéi. Je n’ai pas fini de remplir les jarres pour la préparation de la boisson et je suis allée à l’école. Au retour, elle a refusé de me donner mon repas, m’obligeant à terminer ma besogne avant de manger.
J’avais très faim. J’ai voulu prendre mon assiette et m’enfuir, elle m’a poursuivie avec un coupecoupe, je suis tombée sur un caillou et je me suis gravement blessée. Il y avait beaucoup de sang. Mon père m’a emmenée à l’hôpital de Patatoukou mais ils ont demandé de me transférer vers l’hôpital d’Atakpamé. Mon père a refusé et m’a ramené à la maison. Je pleurais. Il a dit à sa femme de soigner la plaie avec de l’eau chaude. Je hurlais de douleur et elle me giflait pour que je me taise. J’ai gardé cette plaie très longtemps (NDLR elle nous montre la cicatrice). Je ne marchais pas bien depuis ce jour. Je n’ai pu complètement la guérir que lorsque j’ai commencé à transformer le soja.
La suite de cet entretien à lire dans le numéro 12 de DAGAN Magazine disponible dans les points de vente habituels depuis Mars 2021
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