Elle est un exemple de réussite dans le secteur du tissu pagne sans être fille de Nana Benz. Madame KUAOVI Ahlinba Florence épouse BARRIGAH du haut de ses 63 ans, a accepté de partager avec nous son histoire de Nana Benz, belle et enrichissante, au cours de cet entretien exclusif.
Elle nous dévoile son parcours, nous explique les difficultés de ce métier et donne des conseils éclairés à la jeune génération qui voudrait se lancer dans le commerce du pagne. Pour elle, rien n’est impossible tant qu’on s’arme de persévérance et du courage.
Qui est Dagan BARRIGAH Ahlinba Kekeli Florence ?
Je suis KUAOVI Ahlinba Kekeli Florence épouse BARRIGAH. Ahlinba veut dire Reine Mère, c’est ainsi qu’est nommée la première fille chez les Adigo, mon ethnie. Je suis togolaise. J’ai deux enfants mais mon mari en a quatre qui sont les ainés de mes enfants. Je suis directrice de la société KEKELI SARL et vice-présidente de l’Association Professionnelle des Revendeuses de Tissus (APRT). Parlez-nous de votre enfance.
Comment avez-vous réussi dans ce commerce ?
A l’époque, il y avait des opportunités à saisir. C’est d’ailleurs ce qui m’a permis d’émerger dans ce domaine, puisque pendant les années 90 avec la grève au Togo, les conteneurs de pagnes étaient en pénurie sur le marché du Togo. Donc quand je ramenais de la marchandise, elle s’écoulait assez rapidement. J’étais très habile dans le choix des pagnes que je voulais vendre.
Je connaissais les dessins qui pouvaient plaire au Ghana, en Côte d’Ivoire, au Congo et au Bénin. Les revendeuses savaient qu’en achetant mes collections, elles allaient faire de belles ventes. Elles avaient confiance en mes choix et c’est toujours le cas. Le choix des collections a toujours déterminé la réussite de la carrière d’une Nana Benz.
Quelle comparaison faites-vous entre la vente des pagnes autrefois et aujourd’hui ? Qu’est-ce que vous relevez comme difficulté réelle de nos jours dans votre commerce ?
Avant, le Togo était la plaque tournante du commerce de pagnes. Tous les pays consommateurs passaient nécessairement par Lomé. La clientèle était abondante et les bénéfices plus importants. Aujourd’hui, avec l’expansion et la nouvelle politique du groupe VLISCO, il y a beaucoup de succursales dans d’autres pays, donc plus de compétition, nos marges sont réduites et l’avènement des contrefaçons a négativement impacté ce secteur.
Il y a aussi des problèmes de transports, d’acheminement des marchandises vers les autres pays. Les marchandises trainent car le fret aérien n’est plus sûr, et le tarif est trop élevé. Nous sommes obligés de livrer par bateau mais ce n’est pas très fiable non plus. Nous vendons, la plupart du temps, à crédit.
Quand la livraison a du retard parce que le transport est irrégulier et même parfois incertain, le revendeur n’est pas livré à temps. Il ne peut donc pas nous payer à notre tour dans les temps, ce qui met à mal notre trésorerie. Les moyens de transport et d’acheminement de nos marchandises dans la sous-région nous pénalisent beaucoup. La concurrence est rude maintenant. Peut-on parler encore du phénomène Nana Benz aujourd’hui ? Est-ce que ce nom n’est pas en train de disparaitre ?
Le nom NANA BENZ ne pourra jamais disparaître. Ces braves femmes ont marqué l’histoire du Togo à jamais. Néanmoins avec les difficultés du marché, il est difficile de retrouver le prestige d’antan mais pour moi, une NANA BENZ, c’est une commerçante accomplie dans la vente du pagne, une femme battante qui fait face aux difficultés avec conviction et courage. La génération actuelle en est l’exemple palpable.
La suite de cet entretien à lire dans le numéro 14 de DAGAN Magazine disponible dans les points de vente habituels depuis Juillet 2021
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