Pour nouer la communication avec le monde spirituel qui semble guider les pas des humains dans la plupart des sociétés traditionnelles africaines et particulièrement chez les peuples Guins/Mina et Ewé, la libation, loin d’être un culte satanique, est une sorte de prières aux ancêtres qui occupe une place primordiale.
Elle exige de celui ou de celle qui veut la pratiquer, l’observance d’un certain nombre de dispositions et une hiérarchie à respecter dans l’invocation des vénérables et sacrées entités composant le monde des invisibles.
Une offrande
La libation est avant tout une offrande aux divinités. C’est une communion avec le monde des invisibles, particulièrement avec les ancêtres, qui se matérialise, au cours d’un sacrifice, par l’offrande de liqueurs, d’eau enfarinée, de boissons sucrées, d’immolation d’animaux, etc. La forme la plus simple et courante repose sur l’utilisation uniquement de l’eau qui est l’un des meilleurs canaux de communication avec le monde des invisibles, assure Togbui Agbonon, grand prêtre vodou.
Comment fait-on la libation ?
Pour communier avec les ancêtres, il y a un certain nombre de mesures à prendre, prévient Robert, instructeur et chercheur spirituel qui indique que, la première disposition à prendre est de se déchausser. Pieds nus devant sa porte et de préférence au petit matin, le porteur de l’eau devra s’engager dans l’invocation des hiérarchies du monde spirituel suivant un ordre à respecter.
« On commence toujours par l’invocation de Dieu qui a tout créé, suivi de l’énonciation des divinités gouvernant les quatre points cardinaux. Les autres dimensions font ensuite successivement appel aux membres de la hiérarchie de l’eau, du feu, de l’air et de la terre, puis à l’arbre généalogique des ancêtres suivi des parents défunts.
À partir de ce moment, la voie est ouverte pour communiquer avec les ancêtres bienheureux qui par la force des valeurs qu’ils ont incarnées au cours de leur vie pourront vous entourer de leur présence, guidance et vibrations nécessaires à l’accomplissement de vos vœux » précise Togbui Agbonon.
Une fois les invocations terminées, le ou les liquides offerts en libation devront être versés au sol avec révérence et humilité, en guise de gratitude, de dévotion et d’amour.
Ayayi Sodjiney AZIADAPOU
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