Première femme togolaise Professeure titulaire en Sciences de l’Information et de la Communication, enseignante-chercheur des universités et députée… Dagan Germaine Kouméalo ANATÉ compte plusieurs cordes à son arc. Passionnée de littérature, cette ancienne étudiante de l’université de Bordeaux Montaigne, est l’une des écrivaines togolaises au parcours professionnel riche, diversifié et pluriel. Très engagée pour l’autonomisation des femmes, à travers de nombreuses initiatives socioéducatives, et économiques, elle pense que beaucoup restent à faire sur la question des violences basées sur le genre et de l’égalité homme-femme. À travers cet entretien exclusif avec Dagan Germaine Koumealo ANATÉ, Dagan Magazine rend hommage à toutes ces braves dames qui aspirent et travaillent au quotidien à mettre leurs passions et leur ingéniosité aux services des autres.
Bonjour Dagan, pouvez-vous vous présenter à nos lectrices et nos lecteurs ?
Je suis Germaine Kouméalo ANATE, née le 15 juin 1968 à Kazaboua (préfecture de Sotouboua). J’ai des racines dans la région de la Kara d’où sont partis mes grands-parents et j’ai grandi dans l’extrême nord du Togo (Dapaong). Je suis mère d’une magnifique fille et maman pour plusieurs jeunes filles et garçons de tous horizons qui comptent sur moi. J’essaie de les aider de mon mieux afin qu’ils se réalisent.
Sur le plan professionnel, je suis enseignant-chercheur avec le grade de professeur titulaire des universités en sciences de l’information et de la communication. Je dirige le centre d’études et de recherches sur les organisations, la communication et l’éducation (CEROCE) à l’université de Lomé. Par ailleurs, je suis députée, écrivaine et présidente d’associations. Je suis Officier de l’Ordre National du Mono, (République Togolaise) et Chevalier de l’Ordre National du Mérite (République Française), deux titres honorifiques obtenus la même année (2017).
Pouvez-vous nous raconter votre enfance ?
Je peux dire que j’ai eu une enfance heureuse jusqu’à l’âge de neuf ans. Mon entourage me considérait comme un garçon manqué qui s’amusait beaucoup et grimpait facilement dans les arbres. Mon papa, agriculteur et tailleur, aimait me coudre des habits avec pantalon ou short. C’est lui qui me coupait aussi les cheveux. J’étais très rieuse, très agile, espiègle sur les bords (rires) et pas du tout paresseuse. Maman qui était commerçante nous ramenait de belles choses de ses longs séjours à Lomé où elle vendait des produits agricoles, dans le célèbre marché d’antan, « Le Togo ». Je dois reconnaitre que j’ai reçu beaucoup d’amour de mes parents et je leur en suis très reconnaissante.
Que pouvons-nous retenir de votre parcours scolaire ?
J’ai commencé l’école à sept ans au lieu de six à cause d’une situation familiale compliquée. Mais très tôt, j’ai compris que j’étais en retard sur l’âge normal de la scolarité et que je n’avais pas le droit de redoubler une classe. Alors, je me suis mise au travail et j’ai tenu bon malgré les conditions qui n’étaient pas toujours favorables. En effet, j’ai dû quitter mes parents à neuf ans pour suivre des tuteurs qui exerçaient comme instituteurs, dans la région des savanes (extrême nord du pays).
Ainsi, après l’école primaire catholique de Kazaboua, j’ai poursuivi mon école primaire dans différentes localités, notamment à Bombouaka et Naki-Ouest. Ensuite, j’ai continué mes études secondaires à Dapaong ville, respectivement au collège Môfant et au lycée Saint Athanase. Après le BAC A4 obtenu en 1988, je suis rentrée à l’université de Lomé où j’ai préparé une double licence (en sciences de l’éducation et en Lettres), puis une maîtrise en Lettres Modernes. La suite fut une vraie aventure, dans tous les sens du mot.
Qu’en est-il de celui universitaire ?
Je dois dire qu’au départ, c’est le journalisme qui m’intéressait. Mais, faute de moyens et sans bourse d’étude, je ne pouvais pas réaliser ce rêve. C’est pourquoi après la maîtrise ès-Lettres, j’ai cherché une passerelle pour aller faire des études en communication. C’est ainsi que j’ai rejoint l’Université́ de Bordeaux Montaigne pour la rentrée universitaire 1994- 1995, toujours sans bourse au départ, mais déterminée à saisir ma chance. J’étais à un tournant où je devais choisir : rester au Togo comme professeur de français au Lycée, poste que j’avais déjà obte- nu, ou poursuivre mon rêve pour un projet plus grand qui m’a toujours habité et qui répondait à un projet de vie. Je savais que si je ne partais pas à ce moment précis, je ne partirais plus. Alors, j’ai essayé de faire une quête auprès des proches, mais cela n’a rien donné.
J’ai dû emprunter de l’argent pour acheter le billet d’avion. Pour le reste, j’ai voyagé avec 20 000 f CFA en poche (rires). C’est plus tard que certains de mes anciens professeurs, français, ont cotisé pour m’aider à rembourser le prêt… Avec beaucoup de difficultés pour obtenir le visa, je n’ai réussi à quitter Lomé qu’en janvier 1995 alors que les cours avaient commencé depuis octobre 1994. Arrivée à Bordeaux, il fallait donc que je rattrape les cours et que je cherche en même temps des petits boulots pour survivre.
Votre mot de la fin
Je remercie vraiment toutes les personnes que le Seigneur a mises sur ma route, à cette époque, qui m’ont encouragée et aidée de diverses manières. Finalement, j’ai préparé et ob- tenu trois diplômes en sciences de l’information et de la communication à Bordeaux Montaigne : le DUR, le DEA et le doctorat unique obtenu en décembre 2004. J’avais même commencé parallèlement un certificat en écologie humaine que je n’ai pas terminé.
La suite de cet entretien est à retrouver dans le numéro 25 de Dagan Magazine disponible dans les points de vente habituels depuis le 5 mai 2023
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